NOUS AUTRES
— ce titre convoque une multiplicité de voix.Il évoque une subjectivité plurielle, située, solidaire — entre humains et non-humains.
Ici, ce sont les autres qui parlent :
les arbres (Almanegra de Ventanas, en voie d’extinction, en Colombie),
les feuilles, les morceaux de bois (d’une forêt productive en Champagne), les gestes ; un palmier
— totem ambivalent, icône générique d’un décor sans mémoire,
artefact numérique réinvesti.
Oui, c’est le langage de l’oppresseur. Mais j’en ai besoin pour te parler.
Des fragments et des pages de livres
— Féminismo descolonial, (Y. Espinosa 2023), Aportes desde el territorio (X. Leyva, C. Cariño) ou encore un extrait du Codex Tovar (1585).
Les objets aussi ont un corps. Un territoire.
Mon enfant, qu’on devine à peine au milieu de la forêt.
Moi, en féministe hacktiviste.
La rage, le chagrin, les blessures — visibles ou invisibles.
Les images se déposent comme des couches d’écorce ou de mémoire. Elles racontent ce qui fut
— ce qui reste — brisé, effacé, déplacé, naissant.
Nous autres explore ces corps-territoires rendus subalternes,
leurs langages moins écoutés — plus opaques, plus complexes
— à travers des fragments visuels, des montages hybrides, des anti-monuments.
Des images anciennes et récentes (2014–2025) :
impressions sur bois, transferts manuels, tissus, peinture, gestes. Un langage sensible, low tech, entre l’œil, la main et la machine.
Peut-être est-ce là une tentative de réparation — une archive fragile, incarnée, en mouvement.
Les territoires évoqués — physiques, numériques, intimes et politiques — relient la France, la Colombie, et d’autres ailleurs,
comme autant de constellations : corps célestes, blessés, vivants, en relation.
Cette proposition se veut poétique, écoféministe, queer, cyborg, antiraciste
— née de la fracture, enracinée dans la force de la vie,
pour rester ce qu’elle est : énergie,
cette fois-ci, confrontée à la matière.