regard sur notre monde
Pauline Lisowsky
Revue Point Contemporain
2019
Ana Tamayo observe notre manière de considérer la nature et notre rapport à l’habitat. Originaire de Colombie, elle interroge l’écart entre le lien direct avec la terre en son pays et le rythme de flux en ville. A partir des images, elle crée des œuvres qui nous invitent à nous poser des questions sur la perception du monde, de nos gestes et de ce qui nous faisons mais qu’on ne perçoit plus.
A l’éprouvette, micro centre d’art, elle présente trois œuvres qui créent des connexions entre elles et invitent à des allers-retours du regard. Un grand photomontage Antlia ou la machine pneumatique présente à première vue une carte du ciel, une constellation qui inspire à plonger dans un ailleurs des plus lointains. En se rapprochant, nous découvrons que ces étoiles sont en réalité des objets, un ensemble qui traduit la société de consommation. Antlia, signifiant pompe en latin, renvoie à une constellation initialement baptisée machine pneumatique, en hommage à l’invention de Denis Papin.
Lors de ses déambulations urbaines, Ana Tamayo fut captivée par la multitude d’objets dans les rues. Elle les prend en photo et constitue une archive de ces traces de présences, témoignage d’un état du monde.
« Je peux passer longtemps sur une image. Je fais de la photographie lente. Cela comporte plusieurs couches temporelles. C’est un traitement pictural où l’expérience du corps (que cela se voit ou pas, je pense à une action performative) est très présente. Jusqu’ici faisant un recul sur mon travail, quand je me confronte à l’image je fais un travail de semence long. Il se traduit par la recherche in situ, ce travail de terrain prend toujours un temps nécessaire. Ensuite je réalise un archivage et une étude des images qui s’écoule doucement dans un aller-retour d’observation, perception et recherche sur l’archive. Ensuite une iconographie ressort comme une synthèse du terrain, pour ensuite passer à la mise en espace où le travail d’installation, sculpture, transgression des lignes d’exposition y est fait. Je cherche à activer la scène par des performances et des actions. » explique-t-elle.
En cette image de ciel, ces objets se seraient évaporés ou se seraient transformés en une nouvelle matière. Cette évaporation renvoie à un matériel de construction d’une image, d’une idée. (...)
Lorena Diaz
Revue Point Contemporain2019
L’éprouvette ouvre ses portes pour la saison 2019-2020 avec l’exposition ANTLIA de l’artiste Colombienne Ana Tamayo. Son œuvre est fortement marquée par une réflexion socio-politique et environnementale au sein de son pays d’origine. Ses œuvres nous proposent de multiples points de vue pour chaque sujet abordé, et souvent nous invitent à plonger dans une fiction.
ANTLIA réunit plusieurs pièces qui se déploient dans l’espace et se répondent :photomontage grand format, volume suspendu, pliages de documents photographiques. Le regardeur est confronté à l’immensité du cosmos, à sa vacuité. En réponse, des fragmentsdu quotidien, objets abandonnés dans la ville, viennent hanter l’espace d’exposition au travers d’un changement d’échelle. L’infiniment vide est fascinant ou dérangeant, selon l’état d’esprit, tout comme l’objet délaissé.
Ces œuvres proposent des bribes de narration, pour laisser le regardeur construire son propre récit. Antlia, signifiant pompe en latin, est le nom d’une constellation initialement baptisée machine pneumatique, en hommage à l’invention de Denis Papin. L’artiste déclenche une série de passerelles entre cette machine pneumatique et le système capitaliste, où le spectateur est invité à de nombreuses associations possibles: « La fiction dans Antlia est un bon moyen de créer un récit politique autre. Il s’agit d’un parallèle entre la machine de surproduction capitaliste et une machine à créer du vide. » Ana Tamayo
L’artiste s’empare de la photographie en poussant ses limites. L’image est altérée, découpée, fragmentée, scénographiée. Elle investit les objets et l’espace dans une mouvance qui questionne en permanence le statut de la photographie. Ces pièces protéiformes soulèvent des enjeux liés à la globalisation, tel le capitalisme exacerbé, ou le sacrifice de la nature au profit de l’économie.
(en) construction
Cataogue mois de la photo
Grand Paris
2017
Artistes du groupe Diaph 8
Penser la photographie,
des images et des formes
e-book Editions Tribew
2021
Prix première édition Tribew
65° Salon de Montrouge
Lien
La feuille et le sang
Céciia Becanovic
Catalogue 65° SDM
2021
Une photographie de peau de papaye marquée par un couteau qui a divisé la chair du fruit en rectangles réguliers est un signe de plus. Chaque forme existante revisitée revient à évoquer des mains dans la terre, des cosmovisions indi- gènes et des traditions qui préservent les rêves, les souvenirs et les émotions. Ana Tamayo uti- lise une énergie affirmative en tant que femme et sa capacité à se mettre en relation pour éva- luer le contexte écologique et se rapprocher des mouvements d'autonomie alimentaire issus des * premiers peuples libres» d'Amérique du Sud. La vidéo Lettre à Isaac, adressée à son fils, res- semble au bâton dans les roues préconisé par Henry David Thoreau. Tenu par des mains tou- jours plus nombreuses, il pourrait bien arrêter la machine.
Le Qoutidien de l’Art
2021
Programe de suivit critique
65°SDM
Tryptique d’images
pour la revue de critique sociale et d’expérience littéraire Jef Klak
2015
Texte — Grégoire Chamayou
Avant propos sur les sociétés de ciblage